Paris, capitale de la discrimination postale
Dans la tête des recruteurs, Paris intra-muros, c’est “qualité”, la banlieue populaire, c’est “problème”.
Les filtres sont invisibles, mais bien réels.
Ils ne te diront jamais en face que ton adresse leur pose souci.
Mais dans les faits :
Si tu vis dans le 16e, on part du principe que t’es fiable, éduqué et prêt à l’emploi.
Si tu vis à Saint-Ouen, on se demande si t’as les codes, si tu seras à l’heure, si tu colleras à l’image de la boîte.
“C’est pas du racisme, c’est du confort”, justifie un recruteur en off.
Traduction : ils préfèrent quelqu’un qui leur ressemble.
Jules a testé pour voir.
“J’ai un bac+5, un anglais carré et un stage dans une grande banque.
J’envoie mon CV avec mon adresse en Seine-Saint-Denis : silence radio.
Je change pour une adresse à Levallois ?
En trois jours, j’ai eu des réponses.”
Mais ce tri ne se limite pas à l’Île-de-France…
Le fléau du code postal ne s’arrête pas aux portes de Paris
Ailleurs en France, même logique, mêmes préjugés.
Dans le Nord, si t’habites Roubaix ou Tourcoing, t’auras moins de chances qu’un gars du centre-ville de Lille.
“J’ai grandi à Roubaix.
Quand je postulais avec mon adresse, aucune réponse.
Un jour, un pote m’a dit d’essayer avec une adresse à Lille-centre.
En moins d’une semaine, j’ai eu des entretiens”, raconte Chris, 25 ans, commercial.
Dans le Sud, même film.
Entre Marseille et Aix, le simple fait de bouger ton adresse peut débloquer des opportunités.
“On m’a dit clairement :
‘Si tu mets une adresse dans les quartiers Nord, t’auras du mal à bosser dans la com’.
J’ai mis l’adresse d’une amie à Aix et là, d’un coup, on me prenait au sérieux”, avoue Laura, 23 ans.
Les zones rurales aussi en prennent plein la gueule.
Un candidat d’un village isolé de l’Auvergne qui postule à Lyon ou Bordeaux sera vu comme un “mec perdu” qu’il faudra aider à s’adapter.
Une charge mentale en plus pour l’entreprise, qui préfère prendre quelqu’un de déjà installé en ville.
Dans toutes ces situations, le problème n’est pas le candidat, c’est l’image qu’on colle à son code postal.